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Analyse transversale des facteurs qui entravent la commercialisation des Produits
Forestiers Non Ligneux (PFNL) en zone forestière Camerounaise.

Cross-sectional analysis of the factors hindering the marketing of Non-Timber Forest
Products (NTFPs) in the Cameroonian forest zone

Romeo fopa1, 2, 3* , Ulrich Igor Mbessoh1 ,Guillaume Tati, Andre Mukam Fotsing 4 , Nadège Nzoyem5 ;
1- Alliance Pour la conservation des Grands Singes en Afrique Centrale (Alliance GSAC)
2- Agro pastoral Initiative for Development and Environment Conservation ( APIDEC), Yaoundé-Cameroun
3- Département d’Economie publique, Université de Yaoundé II, Cameroun,
4- Département de Vulgarisation Agricole et Socio-économie Rurales, Faculté d’Agronomie et des Sciences Agricoles, Université
de Dschang, Cameroun
5- Rainforest Alliance, Yaoundé, Cameroun (Centre)
Auteur correspondant : Romeo Fopa,
Email : fopa.romeo@yahoo.fr
Téléphone : +237 691 67 57 21 / 672 70 46 19.

Résumé

Les Produits Forestiers Non Ligneux (PFNL) représentent pour la plupart des ménages ruraux camerounais, une source importante de revenus et u indispensable facteur de développement. Depuis plus d’une décennie, le gouvernement camerounais ainsi que de nombreuses organisations locales et internationales font la promotion de ces produits en Afrique centrale avec un accent sur des filières organisées telles que le Ndjansang (Ricinodendron heudelotii), la mangue sauvage (Irvingia Gabonensis) afin d’améliorer la gestion durable des forêts et contribuer à l’amélioration des niveaux de vie des populations locales. Malgré des volumes de production pourtant significatifs, les ventes se font de façon individuelle et en petites quantités à travers une longue chaine d’intermédiaires, réduisant ainsi la part de revenus au niveau des productrices.

Le présent article se propose de faire une analyse des facteurs qui limitent la commercialisation efficiente des PFNL dans la commune de Mintom (région du sud Cameroun). En utilisant un questionnaire d’échelle de Likert à six points, des entretiens individuels, et des focus group, des données ont été collectées durant 30 jours allant de juillet à Août 2019, auprès de 120 collecteurs de PFNL organisées autour de 11 associations. L’analyse de contenu, la statistique descriptive et les tests de students sous SPSS 23 nous ont permis d’analyser les données. Les résultats obtenus révèlent que des facteurs  anthropologiques (culture, valeurs, histoire), sociologiques (faible niveau d’instruction, faible niveau de formation, fonctionnement des associations et organisations communautaires, activité des cokseurs), économiques (pauvreté, revenu financier par riverain,) et organisationnels (niveau de structuration , leadership, bonne gouvernance, compétences de gestion) sont des éléments qui  s’imbriquent les uns aux autres dans une complexité particulière pour influencer la constitution des stocks nécessaire en vue des ventes groupées plus rentables.

 

Mots clés : Commercialisation ; Produits Forestiers Non Ligneux ; Zone forestière.

Abstract

Non-Timber Forest Products (NTFPs) represent an important source of income and an indispensable factor of development for most rural households in Cameroon. For more than a decade, the Cameroonian government as well as many local and international organizations have been promoting these products in Central Africa with a focus on organized commodity chains such as Ndjansang (Ricinodendron heudelotii), wild mango (Irvingia Gabonensis) in order to improve sustainable forest management and contribute to the improvement of the living standards of local populations. Despite significant production volumes, sales are made individually and in small quantities through a long chain of intermediaries, thus reducing the share of income for the women producers.

This article analyzes the factors that limit the efficient marketing of NTFPs in the commune of Mintom (southern Cameroon region). Using a six-point Likert scale questionnaire, individual interviews, and focus groups, data were collected over 30 days from July to August 2019, from 120 NTFP collectors organized around 11 associations. Content analysis, descriptive statistics and student testing under SPSS 23 allowed us to analyze the data. The results obtained reveal that anthropological (culture, values, history), sociological (low level of education, low level of training, functioning of associations and community organizations, cokers’ activity), economic (poverty, financial income per resident,) and organizational (level of structure, leadership, good governance, management skills) factors are intertwined in a particular complexity to influence the constitution of stocks necessary for more profitable group sales.

Keys word: Marketing; Non-Timber Forest Products; Forest Zone

 

Introduction

Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’Agriculture et l’Alimentation (FAO) les Produits Forestiers non Ligneux ( PFNL) sont défini comme des produits d’origine biologique (faune et flore) autres que le bois, provenant de la forêt naturelle, artificielle ou des systèmes  agroforestiers (Roques et al. 2019).  Après deux décennies de projets, de conférences, de publications et de politiques publiques, l’importance (socioéconomique, culturelle, écologique et médicinale)  des PFNL pour les ménages ruraux n’est plus à démontrer (Okafor 1980; Schreckenberg et al. 2006 ; Arnold et Pérez 2001 ; Thiombiano et al. 2010 ; Lescuyer 2010 ; Jules et al. 2011 ; Roques et al. 2019 ; Epanda et al. 2019). De nos jours,  rares sont les programmes forestiers qui n’accordent pas une place particulière à la protection/gestion/régénération des espèces utiles aux populations locales (Lescuyer 2010). Au Cameroun par exemple, la politique forestière accorde un intérêt majeur à la valorisation locale des PFNL dans l’optique de sa gestion durable et de l’amélioration de la qualité de vie des populations (Jules et al. 2011).  Dans le même temps, elle permet aux populations d’être impliquées  dans la stratégie effective de conservation et de sauvegarde de la biodiversité notamment dans les zones forestières (Shankar, Lama, et Bawa 2001; Mbolo, Walter, et Lejeune 2002; Belcher, Ruíz-Pérez, et Achdiawan 2005; Roques et al. 2019 ; Epanda et al. 2019).  Pour traduire dans les faits l’intérêt du Cameroun sur la question des PFNL,  une sous-direction en charge de la promotion et de la transformation des PFNL a été créée en 1998 au sein du Ministère des Forêts (Lescuyer 2010). En effet, Selon Ngome-Tata (2006) cité par Roques et al. (2019)  la forêt camerounaise produirait plus de 1000 tonnes (feuilles, écorces, graines, etc.) de PFNL végétaux tous les ans, a des fin d’usage, économique traditionnel, alimentaire, médicinal, cosmétique ou rituel pour des filières organisées comme le njansang (Ricinodendron heudelotii), la mangue sauvage (Irvingia gabonensis), les gnetums (Gnetum spp.), avec des bénéfices estimés a 500 000 € par an pour certaines d’entre elles (Ndoye et Tieguhong 2004; Ndoye 2005; Tchatat et Ndoye 2006; Lescuyer 2010; FAO 2002; Ngueko 2010). Cependant s’il est clair que l’importance économique de ces filières est désormais établie à l’échelle nationale, voire internationale, l’existence de marchés structuré au niveau local demeure cependant une condition pour que les producteurs/collecteurs puissent en vendre davantage et accroître leurs revenus. Mais très peu de travaux indiquent aujourd’hui les facteurs responsables de l’échec des ventes groupées des PFNL au niveau local et son incidence sur le niveau de bien-être des ménages.

Dans la commune de Mintom région forestière du Sud, les PFNL constituent la troisième source  de revenu  pour les ménages après l’agriculture et la chasse(Fopa, Mbessoh Ulrich, et Mukam Fotsing 2019; Fopa 2018; Lescuyer 2010).

Située à la périphérie Sud de la réserve de biosphère du Dja, la commune de Mintom a été le théâtre de plusieurs projets d’écodéveloppement au cours de ces dernières années.

En effet, face aux nombreux résultats mitigés des projets de développement et de conservation de la biodiversité qui pour la plupart ont porté  sur les mécanismes de restriction de l’accès des zones protégées aux populations locales (Guéneau et Jacobée 2005; Iritie 2015), des hypothèses nouvelles ont été formulées. Désormais, tout projet de conservation  qui veux réussir devrait être décidé de façon consensuelle avec les populations locales en leur reconnaissant les droits d’accès aux ressources naturelles et en leur proposant des alternatives économiques en cas de restriction d’accès aux zones protégées (Kumssa et Bekele 2014). C’est dans ce sillage que l’Etat du Cameroun, avec l’appui des Organisations de la Société Civile, œuvrent depuis quelques années avec une intensité particulière à conserver la biodiversité et assurer des moyens de subsistance durables aux populations locales vivants à l’intérieur et autour de la Réserve de la Biosphère du Dja (RBD).

Ainsi, dans le cadre du projet « Cameroon & Community Forestry in the Congo Bassin » conduit par l’ONG Rainforest Alliance dans la zone de Mintom (région du Sud), les activités ont porté sur l’amélioration de la gestion des forêts communautaires suivant les principes de durabilité afin d’accroitre la valeur des produits forestiers. En effet, en dehors du bois, les forêts communautaires de la zone de Mintom disposent d’une large gamme de Produits Forestiers Non Ligneux (PFNL) dont la valorisation est susceptible d’accroitre de manière significative les revenus des producteurs, constitués à plus de 90% de femmes. Depuis 2016, les activités de soutien à la collecte et à la vente des PFNL menées par cette ONG ont porté sur l’amélioration de la qualité et de la quantité des produits destinés à la vente avec un accent mis sur le ndjansang et la mangue sauvage.  Malgré des volumes de production significatifs, environ 3 tonnes d’amandes de mangues sauvages vendus en 2018, les ventes se font de façon individuelle et en petites quantités à travers une longue chaine d’intermédiaires, réduisant ainsi la part de revenus au niveau des productrices. Ces acheteurs locaux fondent leur stratégie sur l’acquisition individuelle et opportuniste du produit lorsque les productrices ont grand besoin d’argent, d’où l’échec des tentatives de ventes groupées organisées malgré des prix bien supérieurs à ceux proposés par les intermédiaires.

La présente étude a été conduite avec pour objectif d’analyser les facteurs faisant obstacle à l’organisation des ventes groupées de PFNL, en vue de proposer un mécanisme d’appui à la constitution des stocks nécessaires à ces ventes groupées dans la zone de Mintom (région du Sud Cameroun).

 

2. Présentation du site l’étude et méthode

2.1. Site de l’étude

 

L’étude a été menée à la périphérie sud de la RBD (Fig. 1), spécifiquement dans l’arrondissement de Mintom. La zone d’étude est limitée au Nord par la Commune de Meyomessala, à l’Est par les Communes de Lomie et Ngoila,  à l’Ouest par la Commune de Djoum, au Sud par les Républiques du Congo et du Gabon. Le climat de la zone d’étude est subéquatorial de type guinéen à 4 saisons dont 02 pluvieuses (une grande saison des pluies de mi-août à mi-novembre et une petite saison des pluies de mi-mars à mai), et 02 saisons sèches (Novembre à mi-mars et Juin mi-août) ce qui permet de réaliser deux cycles de cultures par an. La pluviométrie moyenne se situe autour de 1600 mm et la température moyenne est d’environ 25°C avec une amplitude de 4°C. Deux cours d’eau importants arrosent la commune de Mintom : la DJA et AYINA. Ils sont très poissonneux et traversent la commune de l’Est au Sud. Il existe également de nombreux cours d’eau de petite importance. La commune de Mintom compte une population estimée à 8 000 habitants pour une densité de l’ordre de 0,71 habitants/Km2 (BUCREP, 2005),. Cette population est constituée de trois groupes ethniques autochtones : les FANG (environ 80 %), les BAKA (environ 10 %) et les NDEM (environ 5 %). Les allogènes, composés des Anglophones, des ETON, des Bamoun et des ressortissants des pays voisins, constituent un nombre en nette augmentation du fait des activités menées. Les populations sont en majorité agriculteurs pour près de 90 % de la population active. La chasse reste cependant une activité non négligeable. La principale culture agricole à vocation économique pratiquée par la population dans la zone de Mintom est la Cacao culture, les autres cultures telles que les cultures vivrières sont pratiquées pour la subsistance. La valorisation des PFNL est également une activité très pratiquée dans la zone avec une prédominance de l’implication des femmes. L’activité de valorisation des PFNL est saisonnière et se fait au gré des saisons. Les principaux PFNL exploités sont le Ndjansang (Ricinodendron heudelotii) et mangue sauvage (Irvingia Gabonensis) . Comme dans la plupart des zones forestières, la Chasse commerciale de la viande de brousse est également pratiquée au mépris des réglementations en vigueur. Cette activité est contrôlée par des patrouilles régulières du service de Conservation et des interventions d’Organisations de la société civile qui essaient tant bien que mal de proposer des alternatives au braconnage.

 

Méthode

2.1.1 Type d’étude

Il s’agit d’une étude transversale analytique. Cette étude s’est ancrée dans une approche mixte articulant une dimension quantitative et une dimension qualitative phénoménologique.

2.1.2  Durée et période de l’étude

L’étude s’est déroulée sur une durée de 20 jours, au cours de la période allant du 03 juillet 2019 au 23 juillet 2019.

2.1.3  Population cible

La cible était constituée de l’ensemble des associations et organisations communautaires de la commune de Mintom comptant parmi leurs membres des producteurs et productrices des produits forestiers non ligneux (PFNL).

2.1.4  Critères de sélection

Nous avons initialement recensé et inclus dans l’étude toutes les associations et organisations communautaires présentes dans la zone de Mintom ; puis, ont été par la suite exclues les associations et organisations communautaires qui n’étaient plus régulièrement fonctionnelles et celles ne comptant pas parmi leurs membres des producteurs de PFNL. A l’issue de cette sélection, 20 associations ont été retenues et 120 productrices de PFNLs ont été enquêtées.

2.1.5  Collecte des données

La collecte opérationnelle des données a été réalisée au moyen d’un questionnaire (aspect quantitatif) et d’un guide d’entretien (aspect qualitatif) validés par l’ONG Rainforest Alliance. Ces outils ont été en outre prétestés auprès de 10 collecteurs de PFNL volontaires vivants dans la zone de Mintom, dont un responsable du RAFCOM (Rassemblement des forêts communautaires de Mintom) et adaptés en conséquence aux spécificités de l’environnement local d’étude.

Dans le but d’assurer une triangulation de l’information et une capture représentative de la diversité des opinions et analyses sur le sujet qui faisait l’objet de la recherche, nous avons opéré un classement de notre cible en trois catégories modélisant une structure pyramidale. Ainsi, le sommet de la pyramide était représenté par le RAFCOM, le niveau intermédiaire par les associations, et la base de la pyramide par les producteurs de PFNL.

Au niveau du RAFCOM, nous avons eu un entretien et une séance de travail avec le Président (par ailleurs 2e adjoint au Maire de Mintom) et le point focal PNFL à l’effet de mieux saisir et appréhender l’état des lieux sur la question locale des ventes groupées en lien avec les associations de femmes. Cette séance de travail nous a ainsi permis d’affiner de mieux orienter notre approche opérationnelle du problème et des associations locales.

A l’issue de ces échanges avec le RAFCOM, nous avons procédé à une première descente dans les villages de la zone, et précisément au niveau des différentes chefferies, dans le but premier d’identifier et recenser les associations et organisations communautaires et secondairement de prendre des rendez-vous avec ces dernières. Au cours de la deuxième descente (sur rendez-vous des associations), nous avons opéré la sélection des associations sur lesquelles devaient porter l’étude sur la base de nos critères d’inclusion et d’exclusion. Ainsi dans les associations retenues pour l’étude, nous avons effectué un échantillonnage par choix raisonné de 04 membres dont 02 membres appartenant au bureau de gestion et 02 membres souscripteurs simples, chez qui nous avons procédé aux entretiens individuels structurés et approfondis pour l’aspect qualitatif de la recherche et à l’administration du questionnaire pour l’aspect quantitatif, et cela avec une orientation prioritaire portée vers les membres collecteurs de PFNL.  Un focus group discussion était organisé avec tous les membres de l’association présents à l’issue des sessions d’entretiens individuels. Celui-ci était animé par les enquêteurs, et justifiait d’une double finalité : celle de trianguler les informations obtenues au cours des entretiens individuels, et celle d’accompagner les membres à dégager par eux-mêmes un mécanisme financier local pertinent, viable et durable pouvant appuyer la constitution des stocks en vue des ventes groupées de PFNL. Enfin, nous avons remercié les participants pour leur collaboration à cette étude. La durée moyenne de la séance de travail avec une association était de 52 minutes.

Ainsi, les données quantitatives collectées ont été consignées sur le questionnaire, tandis que les comptes rendus d’entretiens approfondis et de focus group discussion ont été enregistrés dans un magnétophone. Les données du questionnaire ont été par la suite saisies dans un masque de saisie en vue de l’analyse statistique. Les comptes rendus d’entretiens approfondis et de focus group discussion ont été retranscrits manuellement et dépouillés pour en extraire les informations utiles à l’étude.

Les variables étudiées étaient sociodémographiques (âge, sexe, statut matrimonial, niveau d’éducation, nombre d’enfants à charge), socioéconomiques (activités génératrices de revenus, revenu mensuel, besoins en matériels de travail, besoins financiers quotidiens), organisationnelles (structure et fonctionnement des associations) et socioculturelles.

Trois principaux biais ont été identifiés et pris en compte au cours de l’étude. Les critères de sélection simples et objectifs ont permis de neutraliser les biais de sélection. Nous avons limité les biais d’observation grâce aux focus group discussion qui ont permis en plus de trianguler l’information, de confirmer et préciser les informations obtenues. Pour limiter les biais d’interprétation et de compréhension, les entretiens ont été menés en français en raison du fait qu’après la langue vernaculaire locale, le français est parlé par la majorité de la population. Toutefois, les enquêteurs étaient accompagnés d’un agent communautaire autochtone de la zone qui servait d’interprète lorsque nécessaire.

2.1.6  Analyse des données

L’analyse des données collectées a différé selon que nous nous situions du versant quantitatif ou qualitatif de la recherche.

Ainsi, l’analyse statistique des variables quantitatives a été effectuée grâce au logiciel SPSS version 23.0, et a consisté en une analyse univariée et une analyse bivariée. Au cours de l’analyse univariée des données, les variables qualitatives ont été exprimées en effectifs et pourcentages et les variables quantitatives ont été exprimées en moyenne et écart-type. Ces données ont été synthétisées et représentées dans des tableaux. Au cours de l’analyse bivariée, la détermination d’association statistiquement significative entre les variables qualitatives a été effectuée via les tests de Chi-2 et V de Cramer ; tandis que le test T de Student a été utilisé pour comparer les moyennes des variables quantitatives entre les groupes qualitatifs lorsque la distribution des variables quantitatives était normale. Une valeur p inférieure à 0.05 était considérée comme statistiquement significative.

Concernant le versant qualitatif de la recherche, nous avons procédé à l’analyse de contenu manifeste et latente basée sur les méthodes interprétatives. Manuellement, nous avons dépouillé les données recueillies. Ensuite, nous avons procédé à leur transcription et leur analyse en suivant une démarche thématique qui consistait en une sélection des verbatim par thèmes principaux retenus.

 

3.  Résultats et discussion

 

3.1.  Caractéristiques sociodémographiques des enquêtés

Le tableau I présente les caractéristiques sociodémographiques des productrices de PFNL dans la zone de Mintom. La majorité des enquêtés collecteurs de PFNL était des femmes car dans la zone d’étude la collecte des PFNL est considérée comme une activité féminine. Plus de la moitié des collectrices était mariée et avait un revenu mensuel très faible (moins de 30000 FCFA). Les populations de la zone d’étude vivent donc en majorité en dessous du seuil de pauvreté qui est de 1,90 dollars par jour selon la Banque Mondiale. Tous les enquêtés ont reçu une éducation formelle mais aucun n’a atteint le niveau supérieur. Ceci peut s’expliquer au niveau des parents par la pauvreté, qui limite leur capacité à assurer financièrement la prise en charge globale a fortiori quand on sait que les universités publiques et instituts privés d’enseignement supérieur se concentrent pour la plupart dans les zones urbaines et semi-urbaines du pays. L’âge moyen des enquêtés était de 46,17 ans et le nombre moyen d’enfants à la charge 8,83.

 

Tableau 1 : caractéristiques sociodémographiques des productrices de PFNL dans la zone de Mintom

Variables

N

%

Genre

Masculin

Féminin

 

20

100

 

16,66

83, 33

Statut matrimonial

Marié

Célibataire

Veuf (euve)

 

60

40

20

 

50

33,33

16,66

Niveau d’éducation formelle

Primaire

Secondaire

 

20

100

 

16,66

83,33

Revenu mensuel (FCFA)

Moins de 30000

31000-50000

51000-75000

76000-100000

101000-150000

151000-200000

 

57

31

16

8

6

2

 

47,6

25,8

12,3

6,7

5,2

1,6

Principales Activités génératrices de revenus

Agriculture

Valorisation des PFNL

Commerce

Pêche

Emploi formel

Elevage

Emploi informel

Fabrication de vin

 

 

75

27

6

2

4

1

4

1

 

 

63,1

22,2

4,8

1,6

3,6

0,4

3,2

0,8

Nombre d’enfants à charge

8,83 ± 1,2

Age

46,17± 9,59

 

3.2 Facteurs concourants à l’échec des ventes groupées de PFNL dans la commune de Mintom

Les enquêtes auprès des collectrices de PFNL dans la zone d’étude nous ont permis de recenser les principaux facteurs qui entravent le stockage des produits en vue de l’organisation des ventes groupées. Ces facteurs sont principalement d’ordres économiques, socioculturels et associatifs.

3.2.1 Facteurs d’ordres économiques

L’une des hypothèses de l’étude était que l’équilibre fonctionnel des associations de femmes est fragile et leur capacité financière actuelle est extrêmement faible et ne permet pas de satisfaire aux besoins monétaires minimaux des membres producteurs de PFNL pendant les cycles de production.  Pour vérifier cette hypothèse nous avons premièrement questionné la capacité de financement des associations à partir de l’estimation des montants moyens épargnés dans leurs différentes caisses. Puis nous avons estimé de façon participative avec les collectrices leurs besoins monétaires pendant la campagne et nous avons enfin comparé ces besoins monétaires aux capacités de financement des associations.

3.2.1.1 Estimation des capacités de financement des associations

 

Tableau 2 : Montants épargnés dans les caisses des associations

Caisses au sein des Associations

Minimum

Maximum

Moyenne

Ecart type

Montant d’argent dans la caisse d’épargne

39000

580000

148776,85

198195,876

Montant d’argent dans la caisse de développement

26000

200000

54981,48

36155,164

Montant d’argent dans la caisse Secours/solidarité

33000

223000

85050,00

67122,496

Caisse scolaire

47800

256000

91123,06

61443,001

 Les entretiens avec les membres des instances de gestion des différentes associations nous ont permis d’établir que de façon générale il existe 4 principales caisses au sein des organisations associatives de femmes : les caisses épargne, solidarité et secours, la caisse scolaire et la caisse de développement. Les lignes d’allocation des fonds de ces différentes caisses sont assez rigides et définies à l’avance. Ainsi, la caisse de développement sert à épargner des montants destinés aux actions de développement ; La caisse scolaire est destinée à la préparation de la rentrée scolaire pour les enfants ; la caisse solidarité/Secours quant à elle fait office de caisse « noire » permettant de soutenir financièrement les membres de l’association au cours d’évènements heureux ou malheureux et la caisse d’épargne est destinée à l’épargne financière. Au vu de ce qui précède, il apparait clairement que les seuls capitaux mobilisables au sein des groupements associatifs en vue du financement éventuel de la collecte et du stockage de PFNL en vue des ventes groupées sont ceux disponibles dans les caisses d’épargne. Le tableau II nous révèle que ce montant s’élève en moyenne à 148776,85 FCFA par association, avec des extrêmes variant de 39000 FCFA à 580000 FCFA.

3.2.1.2 estimations des besoins de financement des collectrices pendant la campagne.

A partir des entretiens avec les collectrices de PFNL dans les associations, nous avons pu estimer les différents besoins de financement nécessaires aux femmes pour couvrir leur séjour de collecte en forêt. Ces besoins se répartissent en 2 principales catégories, soit les besoins en matériel de collecte et les besoins liés à la nutrition, à la santé et à l’entretien corporel. 

  • Besoins en matériel

 

Tableau 3: Estimations du matériel nécessaire à la collecte des PFNL en brousse

Matériels

Utilité

Quantités

PU

Montant

Machette

Découper les amandes

01

2500

2500

Saut

Collecter les produits

01

2000

2000

Bâche

Séchage au Soleil

01

5000

5000

Manteaux

Protection contre la pluie

01

5000

5000

Bottes

Protection des pieds pour un déplacement facile en forêt

01

7000

7000

Lime

Limer de temps à autres la machette

01

1000

1000

Pierre noire

Extraire le venin en cas de morsure de serpents

01

1000

1000

Total

                                                                         23500

23500

 

  • Besoins de nutrition et autres besoins liés à l’entretien corporel et à la santé

 Les entretiens avec les femmes collectrices révèlent que pour aller camper en forêt il faut mobiliser de la nourriture pour le séjour en forêt et une partie pour les membres de la famille restés au village. Ainsi, la majorité des femmes enquêtées a estimé les besoins alimentaires tels qu’il suit :

 

Tableau 4 : estimation des besoins liés à la nutrition et autres besoins sanitaires

Commodités

Quantités

PU

Montant

Riz

1 sac de 25kg

11500

11500

Huile

5 litres

1200

6000

Sel

500

Cube

1 paquet

1300

1300

Arachides

1seau

5000

5000

Médicaments

2500

Savon

02 morceaux

300

600

Total

27400

En somme, en additionnant les totaux obtenus dans les tableaux III et IV, on obtient l’estimation du besoin financier nécessaire à assurer le séjour en forêt d’une productrice pour la collecte de PFNL, soit un montant moyen de 50900 FCFA.

        • Confrontation entre les besoins monétaires des collectrices et les capacités de financement des associations.

Pour estimer le poids susceptible de peser sur une association en termes de demande de financement, nous avons calculé le nombre moyen de membres actifs dans la valorisation des PFNL. Nous avons ainsi multiplié ce nombre moyen de collectrices par le besoin monétaire individuel. Ainsi, sachant que l’effectif moyen de collectrices dans une association est estimé à 8,70, un groupement associatif qui souhaiterait soutenir financièrement la collecte et le stockage des PFNL en vue des ventes groupées doit pourvoir un capital minimum de 443129,412 FCFA d’allocation à cette fin. Cependant, les lignes d’allocations des fonds au sein des associations étant très rigides pour les caisses secours, caisses développement et caisses scolaires, il n’y a que la caisse d’épargne qui soit en mesure de supporter se poids. Or, le montant moyen épargné dans les caisses d’épargne des différentes associations est de 148 776,85 FCFA ce qui est significativement inférieur au besoin collectif de 443129,412 FCFA Nous avons ensuite poursuivi l’analyse en vérifiant si cette différence était significative. Pour ce faire, nous avons utilisé un test de student à un échantillon.

Les résultats du t-test contenu dans le tableau 5 montrent qu’il existe bel et bien une différence très hautement significative entre les besoins de financement des collecteurs et les capacités de financement des associations.  La figure 2 présente l’écart entre les besoins monétaires et les capacités de financement des associations.

Figure 1: Ecart entre les besoins monétaires des collectrices de PFNL et les capacités de financement des Associations.  Source : Romeo Fopa et al 201

3.2.2  Facteurs d’ordre socioculturels

Ces facteurs sont principalement liés aux perceptions, attitudes et à l’adhésion quant à l’opportunité de l’exploitation et la commercialisation des PFNL en contexte associatif par les femmes collectrices d’une part et les non collectrices d’autre part.

Les résultats des entretiens avec les collectrices montrent que plus de 60% des enquêtés qui étaient défavorables au groupage des PFNL pour la vente contre 30,55 et 9,25% des enquêtés qui étaient respectivement neutres et positifs. L’analyse de contenu a permis de mettre en lumière 3 facteurs déterminants ces perceptions négatives des ventes groupées : le vécu expérientiel négatif des ventes groupées antérieures, les facteurs socio-anthropologiques et les facteurs liés à la rigidité des lignes d’allocation de fonds dans les associations de femmes.

  • Vécu expérientiel négatif des ventes groupées antérieurs

La mauvaise expérience des ventes groupées antérieurs semble restée gravée à jamais dans l’esprit des collectrices de PFNL. En effet, lors de la dernière vente groupée certaines femmes ont vu leurs produits rejetés après plusieurs semaines d’attente des marchés pour cause de défaut de qualité. C’est le cas de madame A. C. qui affirme : « j’ai stocké mon ndo’o pour attendre les ventes groupées, on m’a demandé de supporter et de ne pas vendre aux cokseurs, que le prix sera bon mais le jour des ventes les acheteurs ont rejeté mon ndo’o en disant que la qualité n’était pas bonne ».

  • Les facteurs socio-anthropologiques

La vente groupée étant une activité collective, elle implique une mobilisation communautaire de l’ensemble des acteurs. Cependant ce communautarisme d’initiative ne semble guère être une valeur culturellement ancrée dans la zone. En effet, interrogée sur la question des ventes groupées, la majorité (88/120) des collectrices favorables à la vente en groupe exigent cependant vouloir stocker individuellement leurs produits à domicile dans l’attente du jour d’organisation de la vente groupée.

  • Les besoins de financement de la campagne de collecte

Pour aller camper dans les forêts, les productrices de PFNL font face à un certain nombre de besoins exigibles en termes de matériel, de nutrition et soins de santé primaires. Cependant, très souvent en manque d’autres alternatives, ces productrices se trouvent dans l’obligation de recourir à des préfinancements auprès des acheteurs opportunistes présentsà proximité (cokseurs). Elles se font à cet effet financer par ces derniers en contrepartie de l’obligation de vendre les produits de la collecte à ces acheteurs opportunistes qui, parfois, s’établissent à proximité des sites de collecte pour surveiller la marchandise à leur vendre.  Interrogés sur l’opportunité de réaliser les ventes groupées pour améliorer les prix de vente, plus des deux tiers des productrices pensent que la question des ventes groupées restera une utopie tant que les cokseurs continueront de financer les collecteurs.

3.2.3 Facteurs liés à la rigidité des lignes d’allocation de fonds dans les associations de femmes

Pour chacune des associations recensées et ayant des membres impliqués dans la valorisation des PFNL, nous avons examiné comment les statuts et règlements intérieurs de ces dernières s’ouvrent ou se ferment à l’inclusion de la valorisation des PFNL comme une activité régulière d’association. Il ressort que 100% des associations consultées de par leurs statuts se fermaient à l’exploitation des PFNL de façon associative. Ceci peut s’expliquer par le fait que fondamentalement, lors de leurs créations la plupart de ces associations étaient des entités à vocation de tontines, d’épargne et de solidarité. De plus, la valorisation des PFNL est une activité de nature essentiellement saisonnière et périodique ; par conséquent, selon les collecteurs, il serait difficile de l’intégrer comme une activité régulière au sein de l’association. Ces informations s’illustrent bien par les propos de Madame O., Présidente de l’association « Femmes dynamiques » : « Lorsque nos associations ont été créées c’était seulement pour faire les tontines et les épargnes. Dans les statuts et les règlements intérieurs on n’avait pas pensé à inclure la collecte en groupe des produits ; en plus le ndo’o  qui est le produit le plus abondant dans notre zone ne tombe pas toutes les années et les années ou ça tombe, c’est seulement pendant quelques mois ».

4- Propositions communautaires de solutions pour soutenir le stockage des produits en vue de l’organisation des ventes groupées de PFNL.

A la suite des brainstormings, des entretiens et des focus groups réalisés avec les membres de différentes associations communautaires dans la commune de MINTOM, 02 solutions permettant de soutenir le stockage et l’organisation des ventes groupées ont été identifiées. Chacune de ces propositions a été passée au crible d’une analyse critique, notamment à travers une évaluation des forces et des faiblesses, ainsi que des opportunités et des menaces.

4.1. Organiser et structurer au sein des associations communautaires existantes un mécanisme pour la gestion des petits fonds pour soutenir le stockage et l’organisation des ventes groupées des PFNL                         (Proposition  1).

Cette solution est axée sur la possibilité d’utilisation du montant des épargnes au sein des associations communautaires existantes comme fond de roulement nécessaire au soutien du stockage des PFNL pour l’organisation des ventes groupées. En effet, le premier travail de caractérisation des associations, nous a permis de prendre connaissance du système financier des associations structuré autour des tontines et a permis de se rendre compte par la suite de la diversité des caisses qu’elles renfermaient, parmi lesquelles la caisse épargne.

La caisse épargne permet aux membres de l’association d’épargner au prorata de ses avoirs à chaque session de réunion. L’épargne est une action totalement volontaire de la part de chaque membre qui se constitue un capital qu’il pourra réutiliser ultérieurement.

  • Présentation du fonctionnement

L’association devra se servir du montant que renferme la caisse épargne et la caisse secours afin de satisfaire les besoins primaires des collectrices comptées parmi ses membres. A la suite des ventes groupées, un prélèvement par kilogramme devra être effectué afin de constituer et de renforcer le fond de roulement.

  • Analyse des forces, faiblesses

Forces

La solution permet de débuter à petite échelle, avec, des membres du groupe bien connus ; le mécanisme est générateur de revenus et permet par son fonctionnement propre la constitution automatique et autonome d’un fond de roulement à long terme ; le mécanisme est implémentable à court terme.

Faiblesses

Le capital de la caisse d’épargne est mis à disposition des membres pour des emprunts et le montant restant après emprunt reste généralement très faible et ne permet généralement pas de satisfaire aux besoins des membres pendant la période de collecte ; tous les membres de l’association ne sont pas collectrices des PFNL ; il n’existe pas de magasin d’entreposage des stocks en attente des ventes groupées au sein de l’association ; le mécanisme est dépendant du montant d’épargne généré par an ; les dirigeants de l’association n’ont pas de compétences pour la recherche des acheteurs et la commercialisation des produits ; les fonds ne suffisent ni pour motiver les collectrices, ni pour motiver les gestionnaires.

Synthèse proposition 01

Cette proposition bien qu’ayant un nombre important de faiblesses, peut être implémentable à faible niveau et avec une association assez dynamique.

Quelques conditions au préalable sont nécessaires au fonctionnement d’un tel modèle.

 -Les séchoirs individuels doivent être construits et les collectrices formées sur la qualité des produits ;

–  Chaque femme devra s’assurer du stockage de son produit et la vente groupée ne sera qu’un rassemblement des produits après négociation avec les acheteurs ;

 – Les gestionnaires devront être formés sur les techniques de négociation et de recherche des acheteurs.

 

4.2 Mise en place d’une coopérative exclusive de commercialisation de PFNL (Proposition 2)

Figure 3 :modèle théorique du mécanisme financier d’appui à la constitution des stocks de PFNLS necessaires aux ventes groupées dans la commune de Mintom. Source : Romeo Fopa et al 201°

 

La figure 3 ci-dessus est une construction schématique représentative de la meilleure proposition pour un mécanisme financier d’appui à la constitution des stocks s’étant dégagée de la synthèse des idées produits à l’issu des multiples Focus group qui ont été réalisé dans une approche participative et active des associations enquêtées au cours de l’étude.  Elle se présente également comme une solution envisagée à la suite des multiples tentatives échouées d’organisation des ventes groupées dans la zone de MINTOM.

 

Architecture du modèle

Ce modèle présente à sa base une Coopérative simplifiée avec organe de gestion dans laquelle ses membres (principalement les collectrices des produits forestiers non ligneux) sont des actionnaires. Cette coopérative aura à cet effet pour objectif la promotion de la production, la transformation et la commercialisation des PFNL. A cette fin, elle pratiquera notamment les opérations suivantes : Organisation des ventes groupées, stockage des PFNLs, la négociation des ventes en gros, la dispensation des formations, ainsi que toute autre activité utile à la réalisation de son objet. Ainsi les objectifs visés par la coopérative sont les suivants.

– augmentation de la production sur le double plan quantitatif et qualitatif ;

-meilleure commercialisation des produits ;

– amélioration des conditions socioéconomique de vie des membres ;

– facilitation aux producteurs de l’acquisition des équipements nécessaire à la collecte et à transformation des PFNL

– la protection de l’environnement ;

– la lutte contre le braconnage.

Sensibilisation et formation des membres.

L’idéal étant de participer au développement socio-économique de la communauté et de ses membres.

Fonctionnement du modèle

Afin que ce modèle soit pleinement efficace dans l’appui à la constitution des stocks en vue des ventes groupées, la coopérative ainsi crée devra fonctionner comme une entreprise à caractère actionnarial. A cet effet, les collectrices de PFNL devront souscrire au capital social (Y) pour un montant égale à la somme des moyennes des besoins financiers exprimés par ses dernières ( aX)  au cour  de l’année majoré  d’un somme représentant le fond de roulement ( b).  Il s’agira de résoudre l’équation linéaire suivante   Y = aX+b afin de déterminer le montant de l’action devant être libéré par chaque actionnaire. L’ensemble capital + fond de roulement ainsi constitué permettra de satisfaire les besoins primaires des femmes en attente des ventes groupées et entre les cycles de production. En contrepartie, chaque actionnaire recevra à la fin de la campagne de vente groupée, en plus du profit issu des ventes de son produit, des dividendes qui seront calculées sur le bénéfice généré au cours de la saison et distribuées au prorata du nombre de parts sociales libérées. Le bénéfice de la coopérative est alors = montant total perçu après ventes groupées– (la valeur totale des produits vendus + la valeur totale des dividendes + charges de fonctionnement globales)

Conditions de viabilité et de durabilité du modèle

Pour des questions de viabilité et de durabilité et au vu de l’expérience acquise dans le domaine, nous suggérons que le modèle soit accompagné d’un Acteur extérieur doté d’une compétence transversale aguerrie et chargé d’améliorer la perception locale et le transférer des compétences sur une période minimale de 5 ans.

Ses missions seront de former et de renforcer les capacités et les compétences des différents acteurs. Il s’agira de :

Organe de gestion sur le leadership, l’entrepreneuriat, la gestion des ressources humaines, la recherche des marchés (ADM), la Gestion administrative et financière la rédaction des projets de développement local.

Les collectrices de PFNL (principales actionnaires) sur les techniques de première transformation garantissant la qualité ; sensibilisation, éducation, et l’amélioration de la perception, la dotation en équipement de collecte et de transformation.

L’organe de gestion sera l’organe central du modèle. Une fois ces capacités renforcées, il devra fonctionner aussi bien que le cokxeurs en maintenant une veille pérennante importante auprès de collectrices durant la période de collecte.  Il s’agira pour l’organe de gestion d’identifier durant la période de collecte les zones de grandes collectes, de récupérer les produits auprès des collectrices afin de les acheminer dans les séchoirs de stockage.

En plus d’avoir son propre équipement permettant de continuer le séchage et de garantir la qualité des produits, la coopérative devra s’assurer que chaque membre dispose des compétences et des outils nécessaires lui permettant de fournir les produits de bonne qualité.

Conclusion et recommandations

En somme, il ressort de cette étude qu’à l’état actuel, la question des ventes groupées est encore très difficile à concevoir. L’étude propose un modèle simple émanant des communautés elles-mêmes pouvant résoudre définitivement le problème des ventes groupées. Ce modèle présente à sa base une coopérative simplifiée avec un organe de gestion, dans laquelle ses membres (principalement les collectrices des produits forestiers non ligneux) sont des actionnaires. Cette coopérative aura à cet effet pour objectif la promotion de la production, la transformation et la commercialisation des PFNL. A cette fin, elle pratiquera notamment les opérations suivantes : Organisation des ventes groupées, stockage des PFNLs, la négociation des ventes en gros, la dispensation des formations, ainsi que toute autre activité utile à la réalisation de son objet

Conflits d’intérêts

Les auteurs déclarent n’avoir aucun conflit d’intérêt en lien avec cette étude.

Remerciements

Nous remercions RAINFOREST ALLIANCE Cameroun pour le financement de cette étude.

 

 

 

 

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